samedi 25 avril 2015

Starboard

Cette nuit, le premier quart est de nouveau pour moi, je l'attendais avec impatience. Je n'arrive que très rarement à fermer l'oeil avant minuit, autant être dehors à veiller sur les autres et profiter du bon air frais que de tourner en rond au fond de son lit. Ce soir l'alizé tropical nous pousse tranquillement (lentement?) à cinq noeuds sur une mer calme. Je décide de déserter le poste de barre au profit du confortable trampoline à l'avant du bateau, grand filet de 2x6 mètres. La dernière fois que je m'y étais installé, j'avais du quitter ma position en vitesse, complètement trempé, une vague d'étrave maline s'étant jouée de moi. Mais cette nuit je glisse en surface sans inquiétude.
Une fois encore, la Lune a décidé de ne pas se présenter à notre rendez-vous. Tristement homme, je lui cours après dès qu'elle me tourne le dos. Si elle me revient, la terrible impression qu'elle m'en demande trop fait ses ravages. Mais cette nuit elle ne viendra pas, madame n'est pas là. Profitons-en, je comptais sortir, voir du monde. Et puis, sans jalousie aucune, elle a son cercle de prétendants, je fais pâle figure derrière mille autres plus vertueux. J'irais chanter ma lente complainte à qui voudra l'entendre.
Les étoiles sont toutes là, d'un horizon à l'autre, nuit majestueuse. La Voie Lactée s'est parée de sa plus longue robe, traversant l'espace. Quelques étoiles filantes me saluent promptement. Mais la voilà, unique au milieu de toutes. De la Lune elle sait se faire discrète, autrement plus noble, plus raffinée. Vénus, elle sera la muse cette nuit.

"Give me a reason to love you"
Portishead

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