samedi 25 avril 2015

Aux acrobates

Jours comme nuits, ils ont toujours été là, à percer l'uniforme plafond nuageux des rayons d'espoir qu'ils sont. Les dauphins, fils de l'océan. Je les retrouve souvent en fin d'après-midi à narguer notre proue phallique, lourde et têtue, faisant son chemin de force à travers une houle désintéressée. Ils sont là, en pirouette, en saut, en souplesse, pour le plus grand plaisir de ma caboche ébahie. Je ne m'en lasse pas, au contraire, j'apprends, j'identifie, je reconnais. Chaque jour est une nouvelle leçon à laquelle j'assiste avec enthousiasme. Ils sont en général entre cinq et dix à pavaner devant moi, dauphins-guides.
Mais aujourd'hui, c'est mon anniversaire, ou ma fête, peut être même les deux. Je les reconnais de loin, la manière dont ils percent l'écume moutonnante sur le dos des vagues, ils sont nombreux, très nombreux. Quarante, cinquante, soixante dauphins me rejoignent, à l'avant du bateau, dansent pour mes seuls yeux. Ils sautent à mes côtés, me sifflent, me proposent de les rejoindre. Ils sont là, avec moi. Le temps s'arrête. Je ne sais plus où poser les yeux de peur de louper une goutte de leur parade, et j'en loupe. Meilleurs élèves de la Maîtresse des Arts, la Nature, ils m'offrent le plus beau spectacle auquel j'ai pu assisté, la plus belle demande.
Ma tête tourne, la vue se trouble sous la forte émotion : l'eau bouillonne au Sud-Ouest devant moi.
Ils ouvrent l'océan, la charge immanquable d'un cirque aux nobles acrobates. Ils sont peut-être cent, sûrement même, à rejoindre les autres. Je ne pense plus, vaporisé au cœur d'un feu d'artifices vivant, de nature, de liberté.

Folie pure

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