jeudi 24 mars 2016

Escale à tapas



La météo n'est pas en notre faveur, une grosse dépression ferme le golfe de Gascogne. Il nous faut vite rejoindre le cap finistère espagnol sous peine de rester coincés aux Sables. Le vent nous fait face, la descente au près serré est appuyée par nos quatre-vingts chevaux à explosions.
Le bateau tape, beaucoup, mais le mal de mer global s'efface doucement. Le "j'ai bien fait"  remplace progressivement le "je n'aurais pas dû". Les danseurs-dauphins sont toujours là, toujours aussi libres et somptueux. Non présents à la dernière édition, globicéphales et grands rorquals font leur entrée sur scène. Plus imposants mais moins joueurs, ils passent au près du bateau d'un regard curieux et s'en repartent comme si de rien. Les nuits d'étoiles continuent à caresser l'esprit volage des quarts solitaires. Magie en mer.
A l'aube du troisième jour, le soleil révèle les côtes espagnoles. Nous longeons à la voile les falaises triomphantes de l'océan. La houle s'y brise et s'envole en coton de mer. Mais le temps presse, le coup de vent est annoncé pour la nuit. Insouciantes, les voiles tirent nonchalamment leur lourd fardeau en pied. Nous n'aurons pas le temps de passer la pointe espagnole, escale anticipée à A Coruña. A 2h30 a.m. les pontons espagnoles reçoivent nos amarres pour les deux jours de tempête annoncés.
A Coruña, La Corogne. Nous profitons de la courte escale pour reprendre un rythme de vie terrien-condensé. Tout l'équipage se rue sous la douche qui fait défaut depuis le départ. Quatre cent litres d'eau pour six personnes. Piano.
Toilette accomplie et quart décommandé, nous partons en exploration de la ville, à la conquête des dernières lueurs en cette nuit de Dimanche hivernal. Viva España.
La nuit à l'abri des digues, loin du tambour battant habituel, fait fleurir des visages plus en couleurs que les jours précédents. L'envie de partager la douceur de vie à l'espagnole se fait sentir dans tout l'équipage. Laissant le capitaine aux retrouvailles des amis en halte forcée, nous fuyons notre maison-bateau. Un soleil pâle nous chérit toute la journée. Nous pavanons en joie dans cette belle ville que le sort a voulu que nous visitions.
Tapas et mojitos comblent d'allégresse cette douce soirée en terrasse. Nous savourons notre dernière soirée à terre en évitant les déboires Olonnais que nous  payâmes chers.
Le soleil se lève, les amarres larguées, les défenses rangées, la terre disparaît.
Malgré le vent de Sud, la lente descente des terres ibériques suit son cours. La route est encore longue pour rejoindre les Canaries. Avec le risque des coups de vent saisonniers, qui risqueraient de nous mettre à mal, il serait judicieux d'aborder la traversée vers les îles espagnoles les réservoirs pleins.
Nous arrivons à la tombée du jour dans la marina de Cascais, belle ville pittoresque aux frontières de Lisbonne. Ravitaillement effectué, nous déambulons dans les charmantes allées tortueuses de la vieille ville, entre pavés et azulejos. Morues et autres spécialités font la première partie d'un concert de jazz dans un sous-sol d'initiés. Improbable et magnifique. Un instant qui fait que la vie doit être vécue.
Le soleil se lève, les amarres larguées, les défenses rangées, la terre disparaît.

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